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« Textile : la colère des petites mains », dans Envoyé Spécial le 24/04 à 20h45 sur France 2

Un reportage de Sophie Bonnet

Le 24 avril 2013, le Rana Plaza, un immeuble de 9 étages s’effondrait à Dacca, la capitale du Bangladesh. Bilan : plus de 1100 morts. Les victimes : des ouvriers de l’industrie textile. Le bâtiment abritait 5 ateliers, qui confectionnaient des vêtements exportés dans le monde entier. Un an plus tard, quelles leçons ont été tirées ?

Une équipe d’Envoyé Spécial a mené l’enquête. Elle a retrouvé une couturière qui a survécu à la catastrophe. Au moment du tournage, elle n’avait pas reçu de compensations financières. Il existe un fonds d’indemnisation de l’industrie textile, mais l’argent n’a pas été débloqué. Seules 10 marques y ont contribué. En revanche, elles sont 150 à avoir signé un accord sur les normes de sécurité. Elles s’engagent à les faire respecter à leurs fabricants.

Pourtant, les usines que les journalistes d’Envoyé Spécial ont visitées, en se faisant passer pour des acheteurs, présentaient des manquements inquiétants : électricité vétuste, extincteurs vides, issues de secours fermées à clé. Au final, en l’espace d’un an, les marques auraient retiré jusqu’à 15 % de leur production du Bengladesh. A l’inverse, à Pnohm Penh, capitale du Cambodge, 200 usines ont été construites ces 3 dernières années.

Sophie Bonnet et Vincent Reynaud ont enquêté dans cette nouvelle vitrine de l’industrie textile. En janvier dernier, elles ont été paralysées par des grèves qui ont tourné à l’émeute. Les ouvriers demandaient des hausses de salaire. La répression sera très sévère. Tout se passe comme si, où qu’elle aille, l’industrie textile n’était plus en mesure de contenir la colère des petites mains.

« Textile : mode toxique ? », un reportage de Sophie Bonnet et Antoine Demonet dans Envoyé Spécial, le 19/09 à 20h35 sur France 2

70 % de nos habits sont fabriqués en Asie. Pendant quatre mois, une équipe d’Envoyé Spécial a enquêté sur les produits chimiques utilisés pour les confectionner : teintures, fixateurs, imperméabilisants… Elle a découvert que certaines usines asiatiques utilisaient des substances potentiellement dangereuses pour notre santé.

Elle a fait analyser de nombreux vêtements de marques célèbres fabriqués en Asie et vendus en France. Résultat : plus de la moitié contiennent des perturbateurs endocriniens.

Les normes européennes Reach, qui déterminent les substances à proscrire de l’industrie textile, sont-elles appliquées ?

Au Bangladesh, Sophie Bonnet et Antoine Demonet ont découvert que certains fabricants ne les respectaient pas, malgré les engagements officiels pris par les marques. Les journalistes ont remonté le fil des produits utilisés pour teindre nos vêtements. A Dacca, ils ont pu constater que les substances employées par les sous-traitants de l’industrie textile étaient souvent les moins chères du marché, et qu’elles pouvaient contenir des agents toxiques.

Par ailleurs, ils se sont infiltrés dans une teinturerie qui sous-traite pour de grandes marques occidentales connues, où ils ont vu travailler de nombreux enfants.

Ils manipulaient des produits chimiques sans gants ni masques. Dans le sud de l’Inde, ce sont les riverains des usines textiles qui pointent une catastrophe sanitaire.

Sophie Bonnet et Antoine Demonet ont enquêté dans des villages contaminés par les teintures et les produits chimiques, où les cancers et l’infertilité atteignent des taux record. En France, rencontre avec des douaniers chargés d’ouvrir les containers en provenance d’Asie. Ils mettent en cause les gaz toxiques utilisés pour transporter les vêtements. Rencontre aussi avec des vendeurs de vêtements malades et des acheteurs qui affirment avoir été intoxiqués par leurs habits…

A l’ère de la mode rapide, jetable et low-cost, que savent les consommateurs occidentaux des produits chimiques contenus dans leurs vêtements ?