"Un chef en prison" en Belgique, un film de Lionel Langlade, le 31/03 à 22h30 sur 13ème Rue

Andenne est en région wallonne, à une heure de route au sud est de Bruxelles. Cette « maison de peines », comme on dit en Belgique, a été inaugurée en 1997. C’est une prison de haute sécurité. 407 détenus. Que des hommes. Surtout des longues peines.

A Andenne, les règles carcérales ressemblent aux nôtres, les détenus n’ont pratiquement accès à aucune formation, ils ne sont pas préparés à leur libération, les gardiens ont la déprime et les caisses de l’administration sont vides… bref, ce pourrait être une prison française.

La différence tient à deux détails qui nous ont convaincus de plonger Thierry Marx dans cet établissement : en Belgique, les détenus qui le souhaitent peuvent être filmés à visage découvert et le directeur jouit d’une liberté de parole inimaginable dans l’administration pénitentiaire française.

Pour préparer son dîner, le chef constitue sa petite brigade de cuisine parmi les détenus :

Yves est né au Congo. Arrivé en Belgique à 3 ans, il a décroché de l’école à 15. A 19 ans, il a participé à un braquage qui a mal tourné et il a pris 25 ans.

Jean Paul est Belge. Il purge sa peine dans l’aile C, réservée aux détenus difficiles. Il a enchainé les bracos et les évasions …. A 47 ans, il a passé toute sa vie d’adulte en prison.

Ronny, un autre Congolais, est connu à Andenne pour ses dons culinaires. C’est le roi du Poulet Mafé. Lui est tombé pour kidnapping… Un projet le fait tenir : le restaurant de spécialités africaines qu’il rêve d’ouvrir à sa sortie, dans quelques années.

Potage de potimarron, fricassée de volaille aux girolles et poêlée de pommes caramélisées servies sur une brioche… ce dîner digne des grandes tables, ils le confectionnent aux ordres de Thierry. Puis ils passent à table pour déguster leur création, en compagnie du directeur de l’établissement. Un moment rare, où patron de la prison et résidents peuvent se parler directement… et franchement.

Ici comme en France, la prison ne remplit pas sa mission. Elle enferme mais elle ne prépare pas à l’après. Tôt ou tard, la plupart des détenus font leur retour parmi nous. Sans instruction, il est très difficile d’en faire des hommes libres.